dimanche 3 avril 2011

Be patient

Je crois que j'aurais pu passer à côté de pas mal de choses dans ma vie à cause de mon impatience. Ouais, je possède ce fier défaut dont Anne Lauvergon se vante dans un entretien que j'ai lu dans un magazine un jour. J'ai alors réalisé à quel point ce défaut en est un faux lorsqu'il s'agit de confesser ses mauvais côtés, ça fait un peu "Le monde ne va pas assez vite pour moi", et ça a la classe sous forme de sincérité autoanalytique. Cependant, je sais qu'être impatiente n'est pas qu'une question d'efficacité extrême bloquée par la lenteur d'autrui et de la nature, et je suis bien heureuse d'avoir été freinée dans mes ardeurs colériques à des moments décisifs.


Déjà, je n'aurais pas appris à lire, étant donné que l'ampleur de la tâche m'a vite déçue puisque je croyais que je saurais déchiffrer des bouquins en claquant des doigts. Mes parents m'ont remise sur le droit chemin, m'empêchant sagement de quitter les bancs de l'école à six ou sept ans. Merci mon Dieu.

Ensuite, je me serais enfuie de la cuisine de mon banlieusard préféré où nous préparions des ravioles fin février, tâche ô combien délicate, même en farinant bien le moule. Quand on ne le farine pas, c'est tout simplement l'hécatombe au moment de retirer les ravioles, elles se rouvrent toutes avant la cuisson, quel gâchis. Heureusement, mon professeur en cuisine ne s'est pas démonté, m'a encouragée, je suis restée, et nous avons terminé la préparation avec succès. Pfiew, jamais plus je ne regarderai des ravioles de la même façon. Pour les raviolis, ça a l'air plus facile. Toujours est-il que cette séance aux fourneaux a été une bonne leçon de patience.


Enfin, j'aurais abandonné mon script en C++ pour choper un code dans un logiciel fastoche qui aurait moins mis en valeur mes compétences limitées. Je l'aurais abandonné parce qu'il était ultra lent après ajout de classes d'âges et de différentes parcelles. Heureusement, une fois encore, mon chemin a croisé une personne bienveillante, le rameur géant qui, m'entendant exposer mes problèmes à la pause café, s'est pointé spontanément dans mon bureau pour se pencher sur le programme. Il m'a présenté un outil fantastique qui compte le temps passé par l'ordi dans chacune des fonctions, le nombre d'appels de chaque fonction, etc, ce qui permet de voir là où un morceau escargot s'est planqué. Tous les deux, plusieurs fois et longtemps, nous avons modifié mon script, jusqu'à le faire tourner en une demi-minute au lieu d'une demi-heure. Ma gratitude est infinie, cette fois encore, comme envers mes parents et mon banlieusard préféré.

Le hic dans ce troisième exemple est que si je n'étais pas impatiente, j'aurais ptêt supporté la lenteur des simulations, plantant ma tente dans la labrary pour avoir le temps de tout faire. Mais non, heureusement, j'ai le même défaut de la mort qui tue qu'Anne Lauvergeon. Et même que je sais reconnaître mes faiblesses en toute humilité. Enfin, je crois.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire