jeudi 17 mars 2011

Wonderwoman gives no clue

Cette semaine, j'ai eu la chance d'assister à la conférence annuelle de WISETI. Non, pas une console Wii appliquée à SETI, search for extraterrestrial intelligence, mais plutôt Women in science and engineering, une organisation de Cambridge promouvant la place des porteuses de deux chromosomes X au sein de ces domaines. Evidemment, c'est une femme qui a pris la parole, et pas n'importe quelle femme : une superhéroïne à la fois scientifique, écrivain, traductrice, épouse, maman... Et justicière. Et malheureusement, décevante oratrice.



[L'événement avait lieu au Robinson college, pas loin de la bibliothèque universitaire.]
 
Cette dame n'était autre que Sunetra Gupta, une femme d'origine indienne ayant la quarantaine et une allure dont je crois que la beauté ne s'envolera pas avec l'âge. Elle est née à Calcutta, puis a vécu en Afrique, avant de revenir en Inde, puis d'étudier à Princeton, de faire son doctorat à Londres et de travailler à Oxford, en épidémiologie théorique. Elle nous a parlé de thalassémie, d'anémie falciforme et de paludisme. Et puis elle nous a lu un joli extrait d'un de ses cinq romans pour montrer la différence entre le langage scientifique et le langage littéraire.
 
Ce fut bien la seule fois qu'elle a évoqué l'opposition entre ses deux occupations. Et jamais elle ne nous a dit comment elle avait réussi à la fois à publier son premier roman, à avoir du succès en science, à fonder une famille, comment elle gérait son emploi du temps. D'accord, je crois pouvoir dire ce que lui apporte chaque chose, mais pas très bien.
 
Ptêt que la lecture de son CV m'avait tellement laissée bouche bée que j'imaginais que son discours serait porteur et inspirerait tout un chacun, plutôt que d'être un récit décousu quoiqu'intéressant de sa vie. Ptêt que j'avais le droit de m'attendre à ça, comme d'autres auditeurs. Ptêt que ce n'est pas grave parce qu'après tout, j'en rencontre tous les jours, des gens qui m'inspirent, même si la merveille de leur existence n'est pas aussi simple à écrire sur un prospectus.







[Sunetra est la deuxième en partant de la droite, bien entendu.]

Mais quand même, un personnage comme ça, ça donne envie d'accomplir des trucs de fous, et surtout, ça rappelle que la vie a de multiples facettes. Je suis heureuse de ne jamais m'ennuyer, bien que je n'ai jamais eu à en témoigner sur une estrade.
Par ailleurs, une anecdote incroyable m'a été contée sur elle par mon encadrant quand je lui ai parlé de cette conférence, et dont on trouve une trace ici. Lorsque Sunetra a eu sa promotion à l'université d'Oxford, le célèbre Roy Anderson - vraiment connu en écologie avec Robert May - a dit en public que c'était une promotion canapé. Sans surprise, Sunetra n'a pas apprécié la plaisanterie. Elle ne s'est pas contentée de ses excuses par écrit qu'elle a dû attendre un mois, et a reçu des excuses publiques pas mal de temps après. Ensuite, Anderson a dû quitter Oxford, pour cela et aussi pour une affaire de bourses mal déclarées selon une source, mais bon, Sunetra a bien contribué à sa déchéance. 

L'écologiste s'en est allé à l'Imperial college de Londres avec toute sa clique qui est restée habiter Oxford, faisant chaque jour la migration, et détestant Sunetra, selon mon encadrant. Alors que bon, quelles que soient les démarches qu'elle ait effectué, elle s'était fait insulter devant plein de gens d'une chose qu'on reproche plus facilement aux femmes qu'aux hommes, à notre époque où ceux-ci ont plus de postes-clés.

Cette justice gagnée ayant fait se déplacer tout plein de scientifiques d'Oxford à Londres pour toujours m'impressionne. Une anecdote croustillante qui aurait pu être dans le thème de la soirée, mais dont je comprends qu'elle ait été passée sous silence... En continuant de regretter, cependant, de ne pas avoir entendu parler de l'organisation et de la motivation quotidiennes de cette Wonderwoman.

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