lundi 10 janvier 2011

All-new, Ålrej (All right)

Me voici assise sur la moquette dans le dortoir d'auberge de jeunesse où j'ai élu domicile pour quatre nuits. Je viens de commettre un crime que mes trois colocs provisoires ne me pardonneront peut-être pas : débrancher le radiateur électrique de l’unique prise de la pièce pour charger mon téléphone… [En vrai, je viens de rencontrer l’une d’elles, une Espagnole, qui ne m’en veut pas le moins du monde. Et qui a l’air de comprendre mon charabia hispanique.] Accessoirement, mon lit en hauteur n’a même pas de lampe de chevet, ç’aurait été trop beau. Un prologue sans luxe, donc. Je suis ici en quête de logement jusque vendredi matin, avec quelques visites déjà dans mon agenda, à côté d’une première rencontre avec mon futur maître de stage. Je n’ai plus qu’à croiser les doigts, toucher du bois, et à me bouger dans la ville dès demain pour me trouver un toit.
 
Jusqu’à présent, aucune embûche de taille n’a entravé mon périple d’Oulme à mon modeste foyer du jour. Un voyage en Eurostar bercée par l’autobiographie d’une Suédoise relatant sa relation avec son père célibataire et ouvrier et dépensier et communiste et alcoolique et aimant. [C’est lui qui écrit « All right » « Ålrej” en refusant d’avouer son ignorance de l’engelska à sa fille peu dupe.], et émue par la tristesse de mon voisin expliquant au téléphone à sa dulcinée restant en France qu’il avait le nez dans son écharpe à elle et des larmes aux yeux. Je n’ai rien osé dire malgré mon empathie. Sur ses notes de boulot, il avait dessiné des cœurs, avec ou sans flèche. Je l’ai quitté sans mot dire à Londres Saint Pancras, où j’ai presque trouvé Kingscross du premier coup, et où j’ai passé moins d’un quart d’heure en prenant mon billet à toute allure sur une borne, oubliant de choisir « Off peak » plutôt que « Anytime », sautant dans un train en ayant regardé le numéro du quai sur un grand panneau, quai sur lequel rien ne permettait de confirmer les gares desservies, l’écran étant tout au bout, invisible des wagons. Dedans, les gens « pensaient » que le train allait « probablement » à Cambridge. Au moins, ça m’aide à prendre confiance, à devenir une grande fille… Mais uniquement pour les numéros de voies, parce que hein, rien ne m’a empêché de vérifier environ dix mille fois ce midi que j’avais billet d’Eurostar et tout et tout.

[Photo piquée sur le site de l'auberge !]
Pour finir, arrivée dans la gare de cette petite ville, je n’ai eu qu’à aller tout droit puis à droite, m’étonnant de voir un cycliste rouler à gauche avant de me souvenir des conseils de mon banlieusard préféré qui m’a dit pas plus tard qu’au petit-déjeuner de regarder à droite puis à gauche avant de traverser… Fort heureusement, cette réminiscence a eu lieu avant le premier passage clouté. De chaque côté, une voiture, les deux se sont arrêtées sans que je fasse semblant de me jeter sous leurs roues, ce qui est ma méthode habituelle à Pariggi. J’ai réglé mes quatre nuits, et vais devoir retourner à l’accueil pour me procurer, Mastercard à l’appui une fois de plus, internet. Histoire de lire mes courriels, de publier cette inauguration du blog, et de pouvoir organiser ma recherche de logement dans les jours à venir. Que d’aventures. Mais pour l’instant, rien à craindre : sont repérés mon lit, ma brosse à dents et les toilettes.


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